Pour un nouveau contrat entre le métier et l’IT

SI, le contrat de confiance entre IT et Métier

En ces temps incertains, la vitesse d’adaptation au contexte est une capacité utile à la survie des organisations. Les doutes peuvent survenir et abimer la relation de partenariat entre métier et IT. Si l’IT n’a pas toujours tenu ses promesses en délai et en qualité ou si l’IT demande trop de ressources au regard de la valeur produite, le métier peut se demander si l’IT sera à la hauteur pour délivrer sa stratégie digitale. Si le métier n’affiche pas sa vision et ne partage pas ses objectifs, l’IT peut se voir être mis « à la mine ». La confiance prend du temps à se construire et la méfiance en met moins !

La fourniture de solutions opérées par des tiers, en mode SaaS ou de solutions éditables par des Citizen Developers donne au métier un sentiment de libération en cassant le monopôle de la production et du développement de l’IT. Et si le métier faisait de l’informatique sans l’IT, pour voir ce que cela donne ? Le métier peut économiser du budget en faisant du DIY, lancer plus facilement des expérimentations et mobiliser moins de ressources dans les processus de projet informatique. Si cela peut libérer les énergies, on peut s’interroger sur les effets à long terme (et même à moyen terme) sur le Système d’Information : complexité, hétérogénéité, « raccords humains » entre les briques du SI, etc.

Comment poser un contrat gagnant-gagnant entre le métier et l’IT ? Le métier a besoin de dérouler son mode opératoire d’une façon de plus en plus efficace. L’IT peut lui donner les moyens de mesurer l’enchainement de ces processus et identifier les axes d’amélioration. En connaissant les processus, l’IT comprend mieux le fonctionnement du métier, développe son empathie fonctionnelle et améliore sa force de proposition. Le métier a besoin des données du SI pour comprendre le contexte et prendre les bonnes décisions. L’IT peut lui donner leur état, mais aussi la construction qui a conduit à ses états. Ainsi, le métier peut remonter aux phénomènes générateurs des données. Le Système d’Information devient le bien commun entre le métier et l’IT.

Le cycle vertueux qui lie le métier et l’IT

Le Système d’Information devrait appréhender de manière équitable les processus et les données. Si le Système d’Information n’adresse que les processus, il peut se réduire à un System of Engagement incomplet, à côté de processus entièrement manuels. Si le Système d’Information n’adresse que les données, il peut se limiter à être un Système of Record partiel, posé à côté d’autres silos de donnée. La combinaison des processus et de la donnée donne une incitation à la complétude du système d’information. Par ailleurs, la qualité de la donnée résulte de la bonne exécution du processus et la preuve du bon déroulement du processus vient de la véracité de la donnée.

La relation entre processus et donnée est une conséquence de la dualité entre événements et états. L’idée est développée dans la conception de Kafka Streams. Le flux d’événements (stream) remplit une table d’état et les changements de la table d’état sont en soi des événements. La construction de l’état à partir d’événement est désigné par Event Sourcing et l’extraction d’événements à partir de changement d’état est la technique de Change Data Capture (CDC).

Dualité Événement/État

Si l’IT est parfois démuni pour identifier des cas d’usage sur la donnée, l’IT dispose en revanche de moyens modernes et efficaces pour instrumenter les processus. Les processus sont balisés par une chronologie d’événements, séquentielle ou non. Les événements peuvent maintenant être des citoyens de premier ordre dans le SI avec les ateliers d’Event Storming, la conception par Domain Driven Design, l’implémentation d’Event Sourcing. La propagation des événements dans le SI peut se faire efficacement en utilisant l’instrumentation de l’Application Performance Management (APM). La consolidation de ces informations d’exécution, Processus – Événement – Trace, permet de juger du succès et de la vélocité des processus. Ces informations sont utiles au métier qui peut identifier des améliorations dans les procédures fonctionnelles et au métier qui peut proposer des améliorations tactiques (RPA, optimisation de performance) ou plus radicales (refonte de composants).

Processus, événements et traces

Le métier et l’IT devrait plus s’inspirer mutuellement. Quand le métier valorise la donnée, l’IT ne se sert pas suffisamment de la donnée pour améliorer son fonctionnement. L’IT peut très bien déployer un SI data-centric sans être data-centric. Quand l’IT promeut la qualité par les processus (gestion de projet, ITIL, …), le métier déroule des procédures sans conscientiser les processus. Le métier peut très bien pousser une approche processus-centric sans être processus-centric. Ce paradoxe étonnant peut être résolu par une relation de collaboration sincère et profonde entre métier et IT.

En mettant en œuvre un SI exploitant la synergie entre processus et donnée, l’IT et le métier peuvent trouver un terrain favorable à une collaboration fructueuse dans une logique gagnant-gagnant.

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